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Syndicat Sud Travail Affaires sociales du Ministère de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale
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Sud Travail Affaires sociales
L’EVALUATION : G U I D E D ’ E N D O C T R I N EM E N T
Les futurs « évaluateurs » -à ne pas confondre avec les « notateurs »- en clair l’essentiel des inspecteurs du travail, ont reçu une magnifique plaquette contenant « dix fiches d’aide à la préparation des entretiens d’évaluation », même si, en terme de « préparation », l’un des premiers points abordés, d’ailleurs à très juste titre, est … LE RECOURS HIERARCHIQUE.

1.Evaluation et quantification :

De quoi s’agit-il ? Dès la première fiche le ton est donné. Dans le cadre de la LOLF -drapée de la légitimité démocratique d’un vote à la (quasi)unanimité- il s’agit :
1.D’assigner à l’agent évalué, des objectifs quantifiés, objectifs librement (…) « négociés » ou « discutés» ;
2.De mesurer (après coup) la réalisation de ses objectifs quantifiés ?
3.De lui faire rendre compte de l’ écart entre les objectifs quantifiés, librement négociés ou plutôt discutés et les résultats obtenus, au cours d’un rite proche de l’autocritique cher aux staliniens et autres maoïstes, ou du confessionnel dénommé évaluation.

Seul compte donc, le résultat quantifiable -et quantifié- obtenu. Même si, par ailleurs il est reconnu que l’aspect qualitatif ne doit pas être négligé.

Reconnaissance de pure forme ? Pas seulement. Car si d’un côté seul le chiffre -l’objectivable- importe, la manipulation psychologique est le moteur même de la démarche. A tous les niveaux : et elle impose notamment cette prise en compte du qualitatif, mais pour le dénaturer.

2.le piège psychologique :
On sait comment fonctionnent les religions : « reconnais que tu es pécheur », « reconnais que tu es petit bourgeois », « reconnais que tu es névrosé ». Les religions ne peuvent prospérer que sur l’assujettissement volontaire -l’avilissement- de ceux qu’elle va embrigader. Il en va de la reconnaissance de la légitimité de leurs prélats, quel que soient leurs noms : prêtres, commissaires politiques ou psychanalystes.

Selon le même mécanisme, dans le cadre de l’idéologie du coaching généralisé qui nous est présenté, il s’agit d’imposer la croyance que chaque agent (comme futur évalué, dans une logique pyramidale sans fin) a besoin d’une évaluation -par son supérieur immédiat- comme fondement de l’estime de soi « parce qu’on ne peut s’estimer soi-même que si on est estimé par les autres » et que précisément l’évaluation permet à chacun «de disposer d’un regard extérieur pertinent ».





Evidemment ceci repose sur une imposture fondamentale: si bien entendu tout un chacun (à l’exception de ce qui relève du domaine de la psychose) a besoin d’une reconnaissance par les autres comme fondement de son identité, ce regard fondateur -sauf pour ceux que l’on qualifie en langage populaire de « lèches-cul »- n’est jamais celui du supérieur hiérarchique.
Ce sera, fondamentalement, pour les fonctionnaires, et concernant leur « identité professionnelle », le regard de ceux que l’on appelle les usagers du service public. Pour les agents de l’inspection du travail, les salariés. Vouloir faire croire que le regard du supérieur hiérarchique puisse être ce « regard extérieur pertinent » constitutif de l’identité professionnelle relève soit de l’imposture, soit de la bêtise. Soit des deux à la fois.


3.L’évaluation totale et permanente :
Sur le seul prétexte de produire du chiffre -des objectifs quantifiables- l’entretien d’évaluation doit sonder le cœur et les reins, comme on disait en d’autres lieux. Les techniques les plus éculées de la praxis psychanalytique sont invoquées pour ce faire Et d’abord le silence : « lorsque nous les laissons parler sans les interrompre, en silence… la plupart des gens donnent volontiers une multitude d’information sur eux-mêmes » énoncent avec un cynisme confondant, les auteurs de notre plaquette. Car, bien entendu, le supérieur hiérarchique doit tout savoir de son « collaborateur ». Quitte à ce que l’entretien d’évaluation soit infini, pour paraphraser FREUD.

L’évaluation doit ainsi être totale, elle doit être également permanente. Si l’entretien d’évaluation ne se déroule qu’une fois par an, et quelques heures tout au plus, l’évaluation en fait se déroule en permanence, dès lors que l’ « évalué» se trouve sous le regard de « l’évaluateur». Ainsi apprend-on que la pause café ou les « moments festifs » sont des « moments informels d’évaluation » Le plus drôle (mais le rire ici est jaune,) c’est que cette universalisation du regard évaluateur -jusqu’à la pause café, jusqu’au « moment festif »- est présenté comme un moyen de … dédramatiser l’entretien annuel. Dédramatiser par le biais d’un conditionnement permanent des esprits. Et il faut nous dit-on , multiplier les « moment d’évaluation (jusqu’à la pause café …) car : « Plus les entretien d’évaluation se situent dans un ensemble plus large de « moments d’évaluation » plus ils seront appréciés à leur juste valeur, plus les attitudes des uns et des autres seront authentiques et porteuses de progrès »

4.Faire désirer sa propre répression :
Faire apprécier « à leur juste valeur », les entretiens d’évaluation, faire croire à une « authenticité » de ces « échanges », les énoncer comme des « moments privilégiés ». A l’évidence, le but visé est non seulement d’obtenir le consentement et la soumission, mais, au-delà même, faire désirer à chacun sa propre répression . Fragiliser psychologiquement fragile chacun (dans une chaîne hiérarchique totale, du directeur d’administration centrale à l’agent de catégorie C) afin qu’il aspire à la donnée quantifiée, afin qu’il se soumette à cette fameuse « culture du résultat ». Au demeurant ceci nous est en permanence invoqué « l’inspection du travail est en crise », « les inspecteurs et contrôleurs sont en recherche de leur identité … » : à telle enseigne que celui qui ne doute ni des missions qu’il assume ni de ses modes d’action est énoncé comme une anomalie, voire un survivant d’une ère absolument révolue –et est requis de se sentir coupable d’être ainsi. Cela a été dit en d’autres lieux et redit dans les « fiches »: les agents d’inspection du travail ont besoin (sont sommés d’avoir besoin …) de chiffres pour être confortés dans le bien fondé de leur action

5.Le chiffre et la soumission :
Les « fiches d’aide à la préparation des entretiens d’évaluation », qui s’inscrivent directement dans la réforme de la notation s’inscrivent surtout, dans la mise en œuvre de la LOLF, c’est à dire dans la mise en œuvre du passage à des « obligations de résultats ». La logique de la LOLF est de présenter au vote des parlementaires, des lois de finances structurées sur des grands programmes, reposant sur des indicateurs de résultats en nombre très limité. Même si cette révolution des finances publiques est éminemment contestable, notamment en ce qu’elle repose implicitement sur des logiques de mise en concurrence avec le secteur privé et ouvre la voie aux privatisations des missions de services publics ainsi dénaturés, l’invocation qui en est faite dans nos « fiches… » est purement fallacieuse : la LOLF ne saurait, en elle-même, légitimer cette manipulation des esprits qui nous est proposée.




En effet, ce mécanisme repose sur la multiplication des objectifs de résultats : à chaque direction, à chaque service, à chaque agent les siens. La cohérence résultant d’une forme de miracle

On voit donc que la manipulation psychologique, ici mise en œuvre, n’est pas –ou pas seulement- un moyen de réaliser un objectif quantifié déterminé au niveau ministériel (selon un mode d’organisation qui serait proche des plan quinquennaux de la défunte union soviétique) mais bien une tentative d’asservissement de chacun d’entre nous, aux fins d’obtenir dans le regard de notre évaluateur une lueur de reconnaissance.

Nous pensons plutôt que ce procédé infantilisant ne peut que contribuer à démotiver un peu plus les agents. Nous ne voudrions pas croire que tel était le but recherché.


De toute façon, Stagiaire ou fonctionnaire
Evaluation ou pas évaluation
Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est « b »on , on est « b »on ( air connu)


Comme dans de nombreux départements et régions, nous vous invitons à refuser de participer à ce processus afin qu’il connaisse, pour les années à venir, le même sort que « feu » le lundi de pentecôte.


Ecrit par sudiste, le Mercredi 8 Juin 2005, 10:36 dans la rubrique "Ressources".