Dans nos services nous sommes chargées, pour certaines et certains d’entre nous, de faire appliquer l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes, l’égalité des chances…, mais comment cela se passe- t il chez nous ? et si on balayait devant notre porte…

73 % des agents de notre Ministère sont des femmes. Le saviez-vous ?

79,6 % en catégorie C
71,7 % en catégorie B
50,7 % en catégorie A


1° En matière de rémunération

Dans la fonction publique, les salaires sont identiques entre les femmes et les hommes ; Et pourtant, pas vraiment :

 La grande majorité des temps partiels sont occupés par des femmes, qui prennent le mercredi pour être avec les enfants .

 Avec les incidences que l’on connaît sur l’attribution des primes et notamment du nombre de parts variables

Et on voudrait nous faire croire que c’est l’instinct maternel, bien sûr ! ! !


2° En matière de promotion

Plus on monte dans la hiérarchie, plus les femmes se raréfient.

 Qui est contrainte à prendre des jours pour enfants malades, ou qui s’arrête en maladie quand les enfants ont de la fièvre et qu’on n’en veut ni à la crèche, ni chez la nounou, ni à l’école ?
On vous le donne en mille ? C’est forcément les femme qui se débrouillent, annulent les rendez-vous, enfin qui doit assurer.

Et on voudrait nous faire croire que c’est le devoir ou le dévouement maternel sûrement ! ! !

 Qui prend les 12 jours pour enfants malades ? les pères ou les mères ? beaucoup plus souvent les femmes, les hommes ne veulent pas risquer de compromettre un avancement professionnel, une carrière en vue, ou tout simplement parce que ça les emmerde …il faut bien qu’il y en ait une qui se sacrifie …

 De plus en plus de femmes seules avec 1 ou plusieurs enfants à charge, ça ne facilite pas la mobilité …

 Aller chercher les enfants à la crèche, à l’école, au sport, à la musique, impose des horaires stricts, et il faut être à l’heure !
Ne pas pouvoir être à la réunion très importante qui est organisée à 18 H 30,
C’est pas bon pour la promo, manque de disponibilité, manque de souplesse, rigidité …
On en passe et des meilleures

 En C.A.P,. quelle est la proportion de femmes promues comparativement aux hommes ?

 Aux concours, de qui sont essentiellement composée les jury ? d’hommes bien sûr ! la parité doit se mettre en place, certes, mais jusqu’à présent ce n’est pas le cas. On constate ( bilan social 1998)
Concours externe IT : sur 727 hommes (32,18 %) et 1532 femmes(67%)candidat-es: 20 hommes 76,92 % et 6 femmes 23 % sont admis-es.
Concours interne IT : sur 57 hommes (51,35%) et 54 femmes (48,65 %) candidat-es : 7 hommes 70% et 3 femmes 30 % sont admis-es.
Concours externe CT : sur 3530 hommes (33,54 %) et 6997 femmes 66,46 % candidat-es 35 hommes 46 %, et 41femmes 3% sont admis-es.
Concours interne :CT : sur 243 hommes (23 %) et 806 femmes (76%) candidat-es 14 hommes 29,17% et 34 femmes 70% sont admis-es
Demandons des critères objectifs de promotion (les critères sont masculins car les DD et les DR sont très majoritairement des hommes).


3° en matière de répartition du travail domestique

 Courir faire les courses, car il faut bien la nourrir la petite famille, et même bien organisée, il manque toujours quelque chose
 Faire les repas, organiser la logistique de 3, 4, 5 personnes
 Suivre les devoirs, les toilettes et les bains, les biberons et les repas, la vaisselle, une petite lessive matinée de quelques coups de fer à repasser et oui j’ai pas de chemise pour demain.
 3H 30 par jour en moyenne de travaux domestiques pour une femme qui gère une carrière professionnelle. En 13 ans, les femmes actives n’ont enregistré qu’une baisse de 4 mn de cette charge, les hommes dans la même situation n’ont produit un effort supplémentaire que de 6 mn.( sondage et études à l’appui).
Et encore, c’est plutôt pour faire des activités sportives et culturelles avec les chers petits, c’est quand même mieux que de faire le ménage, c’est plus noble.

Elle est pour qui la double journée ? On vous la donne la réponse, où vous le savez ?

 Il faut donc penser et concevoir une façon de travailler qui permette un partage égalitaire des tâches d’éducation et des tâches ménagères.

 Il faut multiplier les modes de garde et les structures d’accueil pour les petits enfants.

Concilier vie professionnelle et vie de famille n’est pas de la seule responsabilité des femmes. L’ensemble de la société, hommes, femmes, entreprises, Etat doivent y réfléchir pour y parvenir.

Les problèmes rencontrés par les femmes ne sont pas des problèmes individuels mais des questions de société !


4° Ah oui, la R.T.T.

Qui paraît-il, va favoriser l’investissement des pères pour leurs enfants …
Qu’est ce qu’on rit, mais on rit jaune !

 Des études et des enquêtes tendent à démontrer que ce n’est pas dans un investissement plus long dans leur carrière domestique, oh combien passionnante, que les hommes s’engagent, mais plutôt vers davantage de sport pour sculpter leur corps d’apollon, ou pour s’affaler davantage encore devant le téléviseur ronronnant. Tais-toi, tu m’empêches d’entendre !
 Rigidité des horaires masculins, horaires de travail de moins en moins prévisibles, intensification du travail défavorisent les femmes, car ils renforcent l’idée que la charge familiale incombe plutôt aux femmes qu’aux hommes.

L’emploi est il un droit pour les femmes ?

Les femmes, même lorsqu’elles travaillent sont souvent exclues de l’emploi classique qui reste un modèle masculin ; moins qualifiées, dans le secteur des services, à temps partiels subi, en CDD. Ainsi, elles restent dépendantes de leur rôle d’épouse pour garantir leurs droits sociaux ( sécurité sociale, santé, retraite)
Plus souvent victimes du chômage, on trouve pourtant moins de femmes que d’hommes dans les mesures d’aides à l’emploi, et plus le dispositif est proche de l’emploi classique, moins on y trouve de femmes.
Conclusion : Les politiques de l’emploi au lieu de corriger les effets de ségrégation qui s’exerce à l’encontre des femmes les renforcent.

5° En matière de syndicalisme

C’est comme pour le reste, la ruche est bourdonnante de petites abeilles ouvrières, c’est beaucoup de femmes qui s’activent, mais qui prend les décisions ?

Une seule confédération syndicale à a sa tête une femme
Combien de femmes dans les bureaux nationaux et les conseils nationaux ?


6° Dans les organes de participation politique

Il y a eu la fameuse parité, et elle en a fait couler de l’encre, pour rattraper des siècles et des siècles d’oppression, d’exploitation, de discrimination, et encore, on est encore loin du compte.

Quelle est la réalité ? les femmes sont très présentes dans les associations, plutôt nettement moins dans les partis politiques et incontestablement moins dans la représentation politique ( municipalité, conseil régionaux, généraux, assemblée, sénat, gouvernement).
Ce sont pourtant les petites mains et les tâcheronnes utilisées et corvéables à merci par ces messieurs sans scrupules qui savent toujours se faire valoir sur leur dos.


7° Le stress

Dans nos services, comme ailleurs, on se plaint du stress, les petits et les grands chefs sur le dos, les dossiers à faire et à refaire, et la course pour les femmes, être à l’heure le matin, le soir, le petit dernier qui pleure la nuit et qu’il faut consoler en se levant fraîche et dispose.

C’est toujours sur la potentialité de leur temps que les femmes joue la flexibilité pour arriver à «concilier le tout » comme on dit . (c’est à dire carrière conjugale, carrière reproductive, carrière domestique, carrière professionnelle, carrière politique, carrière associative,…)


8° L’accès aux loisirs et à la culture et à l’épanouissement personnel

Comment trouver encore l’énergie pour se nourrir de cette nourriture spirituelle qui permet de ressentir de la satisfaction, la journée écoulée ?

Bien sûr nous y avons droit à la culture, aux loisirs, à du temps pour soi, pour réfléchir, pour se ressourcer, mais quand ? les journées n’ont que 24 H, comment faire ?

De nombreuses femmes seules avec des enfants, de catégorie C ou B ne peuvent même pas partir en vacances, alors les loisirs, la culture…


9° Et la contraception et le droit à l’avortement

Mais qu’est ce que ça vient faire là dedans ?

Rien n’est acquis définitivement, on voit bien ce qui se passe aux USA et les différents courants qui s’opposent aujourd’hui en France au droit des femmes à l’avortement.
Il a fallu combien d’années de luttes et pas des moindres, pour obtenir ce droit élémentaire pour les femmes à disposer de leur corps cela aussi participe au droit des femmes à travailler ou pas , à être libre de faire ou ne pas faire des enfants, à ne pas se retrouver cantonner dans « l’élevage » d’une ribambelle de gamins, et d’être mère au foyer, non pas par choix, mais parce que la société en a décidé ainsi, pour réduire le taux de chômage par exemple.


10° Utilisation de l’image des femmes
C’est a qui rivalisera parmi les publicitaires, à donner l’image la plus dégradante possible des femmes, que ce soit pour vendre du yaourt, de la voiture, de la fringue, ou de l’assurance
Zoophile, sado masochiste, dans des poses se voulant suggestives, battue, salie, blessée, vendue, c’est l’image des femmes qui est assenée dans toutes les campagnes publicitaires et lorsque l’on dénonce cela, les réponses claquent :
« il faut le prendre au second degré » « il ne faut pas être puritain, ringard… »

Comment s’étonner après, qu’une femme qui porte un jean’s « moulant » soit violée, et qu’on dise qu’elle l’a bien cherché, qu’elle l’a provoqué.
Comment s’étonner qu’une femme qui attend quelqu’un dans un café, dans la rue, soit systématiquement abordée, emmerdée et lorsqu’elle réagit et envoie balader l’importuneur, elle reçoit en retour une bordée d’injures.
« elle devrait être flattée…c’est la preuve que c’est pas un « cageot »…


11 Harcèlements et violences

Statistiques et études démontrent que les personnes harcelées sont le plus souvent des femmes. Le profil des femmes harcelées est souvent le même : seule avec un ou des enfants, d’origine étrangère, sans qualification, sous statut précaire….

Malmenées, battues, humiliées, servantes c’est le lot de nombreuses femmes dans le couple. C’est encore un sujet tabou dont on parle peu Chut ! ça se passe dans la sphère privée du couple. Ce n’est pas une mince affaire pour les femmes de tenter de sortir de cet enfer ( hôpital, commissariat, foyers d’urgence, vivre cachée, honteuse, survivre …)
Ne faut-il pas instaurer le droit d’ingérence ?

Les agentes de contrôles, les agentes d’accueil sont régulièrement insultées par des employeurs, des usagers avec des propos de nature purement sexiste.

Nous nous sommes déjà investi-es sur le terrain du harcèlement, nous avons informé les DD et les DR que nous serions vigilant-es, il ne suffira pas de le dire, il faudra le faire.

Demandons la constitution dans les commissariats de cellules d’accueil spécialisées pour entendre les plaintes de victimes de harcèlement sexuel.


Des textes existent, mais suffit il qu’ils existent pour que l’égalité soit gagnée ?

La réponse est non, nous le savons, les textes ne sont pas appliqués.


Il faut nous battre pour que l’égalité entre les femmes et les hommes soit une réalité, parfois y compris dans nos vies privées, dans notre vie quotidienne, dans notre ministère, dans notre boulot de contrôle, et dans la société.

SUD TRAVAIL a décidé de s’engager activement dans cette bagarre, parce que rien n’est encore acquis, parce que la place des femmes n’est pas faite.



Pas de réunion avant 9 heures et après 16 heures.

Promotion proportionnelle au % de femmes dans le grade ou dans le corps

Parité dans les CAP, dans les jury

Etre vigilant-es sur l’image des femmes véhiculée dans nos services

Noter les propos sexistes dont les femmes de nos services sont victimes, dans leur travail quotidien, afin de faire un bilan de la situation et de mener des campagnes sur ce sujet