Comment ne pas se réjouir de la hausse des créations d’entreprises en France ?

178.000 nouvelles immatriculations en 2003 (dont 1/3  créateurs étaient des chômeurs, ¼ étaient chômeuses).

C’est forcément une bonne nouvelle, non ?

Oui, potentiellement du moins, car en fait, plus qu’à une saine envie de tenter, à une optimiste frénésie créatrice ou à une flambée "entrepreneuriale", c’est surtout à une ruée de désespéré(e)s qui se sont, au 02 janvier, découverts en rupture (anticipée) de droits Assedic, que nous devons ce phénomène.

Assurément, le gouvernement attribuera la hausse des immatriculations à la Loi dite "d’initiative économique" ou Loi Dutreil qui, entre autres innovations, réinvente rien moins que "le capitalisme sans capital"…l’entreprise sans fonds propres…

A quand l’omelette sans œufs ?

Une population, pas forcément formée, pas plus préparée psychologiquement que financièrement, largement ignorante de la nature et de la portée des obligations, notamment réglementaires, d'un chef d'entreprise et a fortiori d'un employeur, va soudain débarquer sur un marché où la concurrence est déjà très vive…

Les néo-créateurs sauront-ils, comme ça, spontanément, en se réveillant un matin, définir une politique de prix et de marketing qui assurera un développement durable à l’entreprise nouvelle ?

Ou seront-ils, au contraire, tentés de faire du chiffre d’affaire à tout prix pour, très pragmatiquement, assurer au moins la survie de leur bébé boîte, sans trésorerie jusqu’au lendemain ?

Les PME déjà en activité, qui cotisent plein pot, vont donc voir déferler des concurrents très fragiles, et en pratique, obligés d’accepter des contrats de sous-traitance à faible marge…mais cette faible marge, quand elle existera, sera largement absorbée par les frais financiers inhérents au "capitalisme sans capital".

En effet, facturés par la banque (au mieux) à TBB * +2,5 %, les "facilités de trésorerie" (découverts) vont vite vampiriser les revenus d’exploitation, aussi sûrement que le FMI vampirise les pays du tiers monde.

Le propos est plus de dénoncer ce mirage, miroir aux alouettes, vendu à la va-vite par l'agent commercial Raffarin à des gens non préparés, qui s’improvisent hâtivement "consultants en un peu tout" et qui, dans les faits, auront les plus grandes difficultés à ne pas se trouver en situation de dépendance économique envers un seul donneur d’ordres ; la fausse sous-traitance, devenant parallèlement plus difficile à qualifier pénalement, complète harmonieusement le tableau qui relève plus d’une dérive idéologique que d’une politique se donnant les moyens de réussir…

Bienvenue en " Baronnie Occidentale ", la subordination de fait, sans les obligations d’un contrat de travail…

Le Medef l’a rêvé, l'ASSEDIC l’a fait !

Bien entendu, AUCUN MOYEN supplémentaire pour faire face à cet afflux d’usagers aussi paumés qu’inexpérimentés dans les services ACCRE…

Cette opération de propagande, sur fond de manip des statistiques du chômage est destinée à faire diversion pendant que les chômeurs sont délibérément culpabilisés, affamés, et montrés du doigt…